– 28 juin 2019 –
Guy Perrimond, ancien journaliste à L’Unité, a accompagné « le peuple de gauche » dans l’aventure de la victoire de 1981 et toutes les années suivantes. Il est décédé le 13 décembre 2018.
Né le 15 novembre 1935 à Marseille (Bouches-du-Rhône), Guy Perrimond est journaliste à partir de 1961. Dans un temps où la presse politique est très largement diffusée et lue, jeune journaliste communiste et marseillais, Guy fait ses premières armes au quotidien communiste La Marseillaise. Il travaille ensuite pour l’hebdomadaire communiste France Nouvelle et pour le mensuel communiste consacré aux affaires et relations internationales Démocratie Nouvelle, animé par Paul Noirot. Il est acteur et expression de cette génération militante qui, avec Paul Noirot et les autres, rompt progressivement au cours des années 60 avec l’orthodoxie communiste « stalinienne ». Mai 68 accentue la rupture, et avec ceux-là, il participe à l’aventure de Politique Aujourd’hui et de l’hebdomadaire qui lui est lié, Politique Hebdo. En 1972, il entre comme journaliste à L’Unité, hebdomadaire lancé par le Parti socialiste après Epinay sous la direction de Claude Estier, dont il fait partie de la rédaction en chef à partir de 1976. En 1974, il est l’un des seize membres de l’association publiant Diffusion socialiste, organe des proches de Gilles Martinet au CERES. En 1979, il publie Ton aventure peuple de gauche (Ramsay). Il quitte L’Unité en 1982, mais il continue d’être actif dans les arcanes du PS et, à partir de 1984, il est conseiller auprès de Pierre Joxe, devenu ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation après Gaston Deferre. Joxe et Guy ne se quitteront plus, et quand après la première « cohabitation » de 1986-1988 Joxe retrouve la Place Beauvau, il le rejoint, avant de migrer avec lui vers l’Hôtel de Brienne en 1991.
Pendant la première cohabitation, avec quelques amis, Guy Perrimond avait créé le Centre d’études et de recherches techniques économiques et sociales (CERTES) et une lettre hebdomadaire d’informations confidentielles Le Pli. Avec les débuts de la deuxième cohabitation en 1993, Guy et quelques amis – proches comme lui du monde de la Défense – vont alors créer une deuxième lettre, spécialisée elle sur les questions de défense, y compris dans leurs dimensions industrielles, et de relations internationales. Ce sera TTU. Pierre Bayle, acteur majeur avec Guy de toute cette période, en a livré récemment une histoire sensible et émue quand Guy en octobre – novembre 2018 a décidé d’interrompre la publication de TTU (Pierre Bayle, « TTU, petite histoire d’une grande aventure », article paru le 21 novembre 2018 sur son blog.
Au cours des 25 dernières années, en plus de TTU qui nous aidait à gauche à nous informer, à penser et à réfléchir sur les questions de défense, Guy ne quitta pas l’action politique, mais il agissait plus par influence et discussions, avec les uns et avec les autres. Il sera ainsi très présent durant la période 1997-2002 auprès des équipes d’Alain Richard comme durant le quinquennat de François Hollande auprès de celles de Jean-Yves Le Drian.
Avec Guy, c’est tout un pan de l’histoire de la gauche – dont le Parti socialiste et ses directions successives avaient su être le cœur – qui de nos souvenirs entre désormais dans l’histoire. Enfin, il incarnait la volonté ferme d’hommes et de femmes de gauche d’être des acteurs légitimes et reconnus sur les questions stratégiques, de défense et de relations internationales.
Sur ces deux points pour moi essentiels, l’exemple et l’action de Guy demeurent vivants et actifs. Aussi essaierons-nous à notre modeste échelle et avec nos orientations et moyens propres de poursuivre sur ses brisées et dans cette voie.