– 8 février 2022 –
Les prévisions concernant la cinquième vague de pandémie de COVID-19 s’améliorent sensiblement. Elles nous font espérer le retour à une vie plus « normale » nous permettant de renouer avec une véritable vie familiale, associative et publique, alors que celle-ci est comme atrophiée depuis maintenant près de deux ans.
Serons-nous capables, collectivement, d’en tirer quelques leçons positives pour l’avenir ? Bloqué et confiné à Paris au printemps 2020, l’écrivain canado-haïtien Dany Laferrière, de l’Académie française, disait craindre qu’il n’en soit rien, les humains ayant trop hâte de retrouver les formes de vie précédentes. Pourtant, pour ma part, j’espère qu’il en sera autrement.
La pandémie et ses vagues successives nous ont contraints à des formes de repli sur des cercles très restreints, familiaux et de travail, nous rendant parfois inquiets voire soupçonneux sur le reste du monde. Plaute relevait lui aussi en son temps cette peur très humaine de l’inconnu, de l’autre. La peur irraisonnée peut conduire à des formes de violence, individuelles ou collectives, verbales ou physiques. Il nous faut réapprendre la confiance, à aller vers les autres, persuadés qu’il y a à apprendre d’eux, sans crainte. On le sait, l’homme est par nature un animal social et politique. Ce sont les conditions de l’échange et des projets collectifs qu’il nous faut recréer pour nous retrouver. Frank Walter Steinmeier, social-démocrate et président de la République fédérale d’Allemagne ne disait pas autre chose en avril 2020 lorsqu’il disait justement que la pandémie était « un test d’humanité » et non une guerre, comme l’affirmait maladroitement un mois plus tôt le président français, pastichant le célèbre discours de Georges Clémenceau.
De ce point de vue, la pandémie est riche de leçons positives. Ainsi, dans le domaine de la santé, elle a partout fait la preuve de la nécessité d’un système de santé dense, efficace et pour tous. En dépit de toutes les difficultés rencontrées, c’est l’intelligence et l’engagement collectifs des personnels hospitaliers qui, en France, ont évité une catastrophe plus générale. Il ne faut donc pas craindre d’y mettre des moyens publics ! La pandémie nous a aussi fortement signalé que la santé de chacune et de chacun est une condition de la santé de tous. Masques et vaccins en sont la dimension la plus évidente, mais pas seulement : combien de contaminations puis de décès auraient été évités si une politique de prévention plus solide permettait d’identifier et de recenser les fragilités de chacun ?
Le rôle et l’honneur de celles et ceux qui sont à la tête de collectivités, locales comme nationale, est de montrer le chemin et de convaincre, dans la concorde et l’unité. C’est une erreur, plus : une faute, que de chercher à stigmatiser tel ou tel groupe, telle ou telle catégorie. Il ne faut pas chercher à « emm… » quiconque, mais plutôt à créer une dynamique collective et positive.
La vie va reprendre, elle doit reprendre, et dans tous les domaines. Nous allons tous y participer, ici à Créteil comme partout. Elle ne sera pas tout-à-fait comme avant, sans doute, mais il faut s’y projeter. Alors que d’importantes échéances sont devant nous, il y a tant de chantiers collectifs à entreprendre, tant à réaliser !
Ce billet a été initialement publié dans le numéro de février 2022 de Vivre Ensemble, le magazine municipal de la ville de Créteil.