– 12 avril 2024 –
Les mois de février et mars dans nos collectivités territoriales sont largement consacrés aux débats d’orientations budgétaires et à l’adoption des budgets pour l’année qui débute. En ce domaine, Créteil ne déroge pas à la règle. J’ai donc eu l’occasion, pour le groupe socialiste de la Ville de Créteil, d’expliciter les raisons pour lesquelles les orientations présentées par la majorité municipale autour de Laurent Cathala permettent de concilier les investissements pour l’avenir d’une part, le maintien et le renforcement des services pour toutes les Cristoliennes et tous les Cristoliens d’autre part, le tout dans un contexte de fortes contraintes extérieures (hausse des prix de l’énergie, inflation, …).
Les finances de l’Etat dans le rouge
Disparu en fin d’année dernière, Jacques Delors est l’un des fondateurs de l’Union européenne. Il lui donna une impulsion décisive comme Président de la Commission européenne (1985-1995). Plus que d’autres sans doute, il avait conscience que la construction européenne, pour se réaliser, devait partir de compromis acceptables entre les différents acteurs, qu’ils soient nationaux (France, Allemagne, Italie, …) comme sociaux (représentants des travailleurs et représentants des entreprises) et pour aboutir à des réalités concrètes (mise en place de l’Euro, fin des postes de douane entre pays européens, programme d’échanges étudiant Erasmus, …). Comme d’autres avant lui, il ne put réaliser tout ce qu’il souhaitait et portait en lui. Sans céder à l’amertume, il espérait que les générations futures, pas trop tard, prendraient le relai.
La mauvaise conjoncture économique européenne et mondiale pèse sur les résultats de l’économie française. Les recettes fiscales 2023 ont été médiocres, le déficit 2023 est donc plus mauvais qu’anticipé et une loi de finances rectificative est envisagée pour l’été.
Que faire ?
La Cour des comptes, dans son rapport public annuel publié en mars 2024, indique que des économies supplémentaires de l’ordre de 50 milliards EUR sont nécessaires entre 2025 et 2027 pour espérer respecter la trajectoire budgétaire pour 2027.
De plus, alors que les taux d’emprunt sur les marchés financiers augmentent, y compris pour l’Etat, la guerre sur le sol européen appelle un effort supplémentaire d’investissements dans le domaine de la défense, la crise du COVID a mis en évidence la nécessité de réindustrialiser en France certaines filières abandonnées hier, notamment dans le domaine de la santé. Enfin, le changement climatique et notre fragilité dans le domaine de l’énergie exigent des investissements publics colossaux. Face à ces défis, que nous devons collectivement affronter et relever, le « coup de rabot » proposé pour tous les secteurs par le ministre Bruno Le Maire n’est pas adapté.
Martiale, Valérie Pécresse propose « un comité de la hache » pour tailler dans les dépenses, ce qui est inefficace et inacceptable. Comme le proposent plutôt Jean Pisani-Ferry, Michel Sapin et quelques autres, il faut clairement envisager la contribution des plus riches en la ciblant en direction de quelques priorités précisément, en veillant aussi – au-delà de l’affectation – à la qualité de la mise en oeuvre.
S’il y a un effort supplémentaire à réaliser, il faut qu’il soit proportionné au capital et au revenu de chacune et de chacun. Il faut rompre avec la (fausse) théorie du ruissellement et renouer avec une logique de proportionnalité.
Ce billet a été initialement publié dans le numéro d’avril 2024 de Vivre Ensemble, le magazine municipal de la ville de Créteil.