– 12 janvier 2024 –
Chacun pour soi, mais aussi collectivement, il nous faut tenter en chaque début d’année de se donner quelques objectifs et formuler des vœux d’amélioration. Affirmer un désir et une volonté, se donner les moyens d’y parvenir même dans l’adversité, tenter de s’y tenir dans la durée, cela n’est ni évident ni facile.
Parfois, nous pensons faire pour le mieux, mais nous faisons carrément fausse route. Comme dit la sagesse populaire, « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Il y a quelques semaines, début décembre 2023, a été publié par l’OCDE le rapport 2022 du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA). Ce rapport compare tous les trois ans depuis le début des années 2000 les performances des jeunes de 15 ans dans les 36 pays de l’OCDE et de nombreux autres, partenaires de l’enquête (85 pays pour l’édition 2022), notamment en lecture, sciences et mathématiques. Cette année, patatras ! La plupart des médias et leurs commentateurs n’ont retenu que la « baisse inédite » des performances des élèves (y compris en France) et surtout la chute de la France dans le classement, notamment pour les mathématiques. Et de s’inquiéter de cette « dégringolade du niveau scolaire », voire de cet « effondrement ». Contraint sous le feu de la critique de réagir sans tarder, soucieux aussi de cultiver une image de décideur ferme sous la mitraille journalistique, notre jeune ministre Gabriel Attal entend répondre par « un choc des savoirs ». A la bonne heure !
Qu’il faille comprendre ce que recouvre cette « baisse inédite » des performances des élèves partout dans le monde est, bien sûr, nécessaire. Améliorer les compétences et les savoirs de notre jeunesse, notamment dans le domaine des sciences mathématiques, bien évidemment ! Mais, pour reprendre la parabole de la dent d’or chère au vieux Fontenelle, « assurons-nous bien du fait avant de nous inquiéter de la cause », et veillons à ne pas proposer des solutions d’hier à des problèmes d’aujourd’hui pour former une jeunesse qui devra prendre en charge les destinées du pays demain !
Il faut regarder précisément ce que mesure l’enquête, les disciplines et les domaines couverts : quid des compétences et des savoirs manuels ? Quelle place donner à la pensée créative et à tout ce qui relève du domaine innovant ?
Il y a eu en France – et nous devons nous en féliciter – un choix politique, dans la durée : celui d’une école qui intègre plutôt que d’exclure, qui élargit le bénéfice du savoir au plus grand nombre. Jusqu’aux années 80 inclus, moins de 30 % d’une classe d’âge avait le baccalauréat, aujourd’hui nous sommes à plus de 90%, et c’est tant mieux !
Peut-on pour autant parler de nivellement, les meilleurs écrasés sous la masse des médiocres ? Nullement : on constate que dans les collèges et lycées français composés d’élèves de milieux sociaux favorisés, les résultats sont comparables aux plus hauts scores du classement PISA !
Le redoublement est une recette héritée du passé. Tout le monde, dans le monde entier, en a constaté l’inefficacité pour les élèves concernés. Il démobilise les enfants et accentue leur perte de confiance en soi. Apprendre, c’est faire des erreurs, puis les rectifier. C’est ainsi que les sciences et les techniques progressent et avancent, d’hypothèses en résultats, toujours remis en question.
Alors, pour 2024, pour toutes et tous, moins de déclarations tonitruantes, plus de réflexions en amont et d’actions déterminées et continues dans la durée !
Bonne et heureuse année 2024 à toutes et tous !
Ce billet a été initialement publié dans le numéro de janvier 2024 de Vivre Ensemble, le magazine municipal de la ville de Créteil.