– 10 décembre 2021 –

Avec le mois de décembre vient aussi le temps des bilans. 2021 laisse une impression très mélangée, avec la persistance de la pandémie mais aussi la perspective d’une sortie pour tous à travers une vaccination facilitée et généralisée et une distanciation sociale maintenue. Pourtant, alors que partout en Europe à l’heure sévit une cinquième vague, la lassitude et la fatigue gagnent. Les marchands d’illusions trompeuses, jamais à court, font miroiter un « temps d’avant » où tout était mieux, dans l’entre soi et la prospérité. Comme chacun sait, rien n’est plus faux : « la Belle époque » n’était belle que pour quelques nantis, et il fallait les luttes du syndicalisme et du socialisme naissants pour tenter d’améliorer l’ordinaire du plus grand nombre, alors que fleurissaient l’antisémitisme – dont Dreyfus fut une victime emblématique mais pas isolée – et le racisme imbécile contre les immigrés italiens dans le Sud, contre les immigrés belges dans le Nord, etc…

C’est tout cela qui, en juillet 1914, arma le bras assassin de Raoul Villain contre Jaurès, brisa l’espérance et ouvrit la triste séquence d’horreurs et de douleurs dont les cérémonies du 11 novembre viennent nous rappeler le souvenir.

Alors qu’il y a tant à faire ensemble aujourd’hui, certains – y compris au sein de la droite française prétendue républicaine – préfèrent à nouveau agiter les peurs, stigmatiser des franges entières de nos concitoyens dont les parents et les grands parents sont venus contribuer à la richesse de notre pays, leur dénier tous droits, inciter à la haine et s’élever contre les institutions et le droit européens, qui pourtant assurent à notre continent la paix depuis 1945. Il semble même qu’après les gouvernements hongrois puis polonais, des responsables politiques français prétendant aux plus hautes fonctions considèrent désormais que le droit européen doit s’effacer devant le droit national, rompant ainsi avec une pratique acceptée dès le début des années 60 par tous les Etats membres de ce qu’est aujourd’hui l’Union européenne !

Ces agitations insensées ne doivent pas perturber nos concitoyens. Il faut s’attacher hic et nunc à construire avec raison l’avenir pour tous. Depuis le 9 mai 2021, dans chacun des Etats membres de l’Union européenne, les citoyennes et les citoyens sont appelés à débattre, à dire ce qu’ils attendent et à proposer ce qu’ils souhaitent pour l’Union européenne, dans le cadre d’une Conférence sur l’avenir de l’Europe ouverte à tous [ futureu.europa.eu ]. Il faut noter qu’aucun de nos grands médias nationaux et de nos chaînes d’information en continu n’en mentionnent l’existence, ne jugent utile d’en élargir l’audience, d’en faire connaître les principales contributions ou d’y participer. Dans un monde où montent les rivalités économiques et politiques entre puissances, où un engagement fort pour limiter les effets néfastes du changement climatique est urgent, où les risques sanitaires sont grands et où la paix est plus que jamais fragile, un renforcement de la cohésion des Etats européens au sein de l’Union européenne est nécessaire et urgent.

A nous tous d’y participer et d’y contribuer, dans le respect de tous, résolument !

Ce billet a été initialement publié dans le numéro de décembre 2021 de Vivre Ensemble, le magazine municipal de la ville de Créteil.