Pourquoi je ne suis pas candidat

Pourquoi je ne suis pas candidat
19 mai 2022 jojo23

– 20 mai 2022 –

Il y a quelques mois, mes camarades socialistes des sections de Créteil, Choisy-le-Roi et Orly m’ont fait l’honneur de m’élire « délégué de circonscription », donc potentiellement candidat socialiste à la législative pour la deuxième circonscription du Val-de-Marne. L’élection législative est cependant une élection nationale, aussi au-delà de ce vote indicatif, c’est la direction nationale du parti qui, via le bureau national, établit la liste des candidats investis finalement par le Parti socialiste (PS).

Après l’élection présidentielle d’avril 2022, des discussions bilatérales entre les différents partis et mouvements de gauche et La France Insoumise (LFI) ont abouti à des accords séparés entre ces diverses formations et LFI. Le 4 mai, les directions nationales du PS et de LFI ont ainsi convenu d’un accord. Dans le Val-de-Marne, je me suis opposé à cet accord devant les instances départementales du PS, et j’ai fait de même lors du Conseil national qui a finalement voté l’accord PS/LFI. Enfin, lors d’une assemblée générale de la section de Créteil le 9 mai, j’ai prolongé ce travail de conviction politique. A la quasi-unanimité (une seule abstention), les socialistes de Créteil présents ont rejeté comme moi-même l’accord national. Nous avons synthétisé notre position par un communiqué le 14 mai que nous avons largement diffusé à Créteil et disponible sur les réseaux sociaux, aussi ne vais-je pas y revenir dans le détail.

Engagements européens et internationaux

Mon engagement syndical et socialiste est aussi initialement un engagement internationaliste et pour l’Europe unie, dans une perspective démocratique et fédéraliste. Je n’oublie pas que le signataire pour la France des Traités de Rome en 1957 était un socialiste, ancien syndicaliste, héros de la Résistance et engagé contre tous les totalitarismes, Christian Pineau, avec lequel j’ai longuement échangé au soir de sa vie. Je ne peux me retrouver dans les propositions de Jean-Luc Mélenchon qui prétend désormais vouloir devenir Premier ministre. L’Europe ne sera pas à l’image de ce que les seuls Français souhaitent, elle est et sera le compromis partagé et accepté par tous les Européens, ensemble. Il n’est pas possible de s’abstraire unilatéralement de règles européennes fixées communément. Renforcer l’Union européenne, la réformer pour davantage de solidarité, bien sûr ! La démanteler, jamais !

De la même manière, alors qu’à nouveau la guerre a éclaté sur le sol européen et que mes camarades sociaux-démocrates suédois – craignant pour la sécurité de leur pays – acceptent d’abandonner la légendaire neutralité suédoise pour rejoindre l’OTAN, je ne peux souscrire à une démarche conduisant à une sortie programmée de l’Alliance atlantique. Elle est imparfaite, nul doute. L’Union européenne et ses Etats membres, particulièrement la France, doivent y jouer un plus grand rôle, incontestablement. Mais elle garantit depuis la fin des années 40 du XXe siècle la liberté de l’Ouest de l’Europe, puis de l’Europe presqu’entière, jusqu’à nos jours.

Avec l’Ukraine se trouve posé sur le sol européen la liberté d’un peuple à disposer comme il l’entend de son avenir, de son territoire internationalement reconnu, de ses alliances et de ses choix.

Il n’est pas de sauveur suprême !

Comme le dit la chanson d’Eugène Pottier, « sauvons-nous nous-mêmes » ! Sans délibérations larges et partagées, pas plus Jean-Luc Mélenchon que les différents appareils politiques ne peuvent prétendre imposer une unité programmatique et des candidats sur tout le territoire national. Dans la seconde circonscription du Val-de-Marne, la désignation de Clémence Guetté relève du seul fait du prince, elle est imposée localement sans discussion aucune avec les organisations et partis de gauche. Comme nous l’avons souligné avec les socialistes cristoliens, ses premières déclarations confirment sa faible connaissance des dossiers locaux. Ses interventions médiatiques comme son site de campagne mettent surtout en évidence sa volonté de coller à Jean-Luc Mélenchon, sans recul aucun. Cela ne peut satisfaire les militants et citoyens de gauche sincères, attachés au libre débat et à la démocratie à tous les niveaux.

Œuvrer concrètement au rassemblement des gauches et des femmes et des hommes de progrès

L’aspiration à l’union des gauches est bien réelle aujourd’hui en France, particulièrement chez les plus jeunes. Le souhait raisonné d’une alternative à la violence et aux inégalités économiques et sociales est incontestable. La nécessité, comme le proclamait naguère Lionel Jospin, d’une nouvelle alliance entre les exclus, les classes populaires et les classes moyennes pour ouvrir un nouveau cycle de progrès social ne fait pas de doute. Mais elle ne se décrète pas, elle ne peut être ni imposée, ni contrainte, ni instrumentalisée par tel ou tel.

Dans ce contexte politique national et local confus, en responsabilité mais sans illusions, je ne peux être candidat pour ajouter davantage encore au trouble et au désarroi de mes concitoyens. Avec mes camarades socialistes de Créteil, de Choisy-le-Roi et d’Orly, je continuerai au quotidien à œuvrer pour le rassemblement et la participation politiques de toutes celles et de tous ceux qui y vivent et y travaillent. A Créteil, je poursuivrai mon concours à la tâche entreprise par la majorité municipale et Laurent Cathala, au service de tous nos concitoyens.

Je remercie toutes celles et tous ceux qui, au cours des dernières semaines, n’ont pas ménagé leurs encouragements et leur soutien. Avec mes camarades socialistes, librement et fortement, j’interviendrai encore au cours de cette courte campagne législative et au-delà, prêt pour d’autres combats !